En 2014, Pierre Rosanvallon lance le projet « Raconter la vie », pour donner à entendre les vies ordinaires, celles des invisibles, et leurs expériences vécues. Ces personnes, rouages indispensables dans la société, ne se distinguent pas véritablement. Elles n’appartiennent pas à un milieu favorisé, exercent des professions modestes. En somme, elles sont inconnues, mènent en apparence une vie simple. Or, certaines d’entre elles écrivent. Ce mémoire porte ainsi sur l’étude de ces productions « par en bas » et de leur archivage, qui permet notamment d’appréhender des moments singuliers de leur biographie, et de les replacer dans un contexte plus large. De ce fait, il intègre une réflexion sur les écrits ordinaires, tels que des listes de courses, des factures, ou des cahiers scolaires, par exemple, sur les écrits du for privé, et plus largement sur les documents personnels. Comment des documents personnels produits par des personnes ordinaires accèdent-ils au statut d’archives privées ? Comment sont-ils considérés par les chercheurs et le public ? Quels processus d’archivage sont mis en œuvre ? Je m’appuie plus particulièrement sur l’analyse comparative des politiques de collecte et de traitement des archives produites par des personnes ordinaires dans des services d’archives et de bibliothèques et dans une association d’histoire locale en Haute-Garonne, un département situé au sud- ouest de la France. La réalisation d’une enquête orale et la consultation de fonds d’archives sont privilégiées, dans l’objectif d’établir une synthèse représentative des sources produites par des personnes ordinaires à une échelle réduite.